Entre Martigues et Marseille
Trempant dans les eaux de l’Afrique
Fortune a dicté qu’on m’asseye
A deux pas de Fos la septique…
Où moi être né mer schlinguer le gazole
Sous ciel oxydé et soleil de plomb sale
Tombant épais comme camisole
Au creux des tours de succursales ;
Où moi être né taule et plastoc horizonner
Chaque bout de terreau rissolé comme le désert d’Arizona,
Seules mouches-à-maille aimer zonner
Dans ce gigantesque sauna et
Où moi être né jamais trop bon s’aventurer :
La flicaille a perdu ses couilles devant les tribus d’
Qui pour un regard te troueraient
Si trop pâle est ta bouille…
Car où moi être né ça plus être la France,
Nos splendeurs gothiques :
D’la caillasse en déliquescence
Taguée d'invectives exotiques…
Jaune aux yeux bleus tout calciné
Planté dans le mauvais décor
Quêtant ma juste destinée
J’avais d’un coup rêvé du Nord
D’étendues vierges et boisées,
D’un permafrost amène
Sur lequel plus jamais croiser
L’éternelle aversion ébène.
J’eu voulu crevasser Phébus
Y redarder toutes ses flèches
Pour qu’il se crashe comme un Airbus
Entre Marseille et Marrakech
Et tu m’es apparu miroir, frangin de haine,
Généreux pourvoyeur de crépuscules et de glaces,
Discordant cor de la rancœur européenne
Soufflant des fanges sur les contempteurs de ma race
Toi Métal Noir ! Forgé dans la nuit des garages
Comme un obus artisanal
Fait moitié-rêve moitié-rage,
Toi Métal Noir ! Sortant des tripes de la terre
Comme une énorme sonde anale
Exploser des villes entières !
Toi Métal Noir acier découpailleur de gorges
Eperon fatal national
Faisant que roses du rouge dégorgent,
Toi Métal Noir dont soudain, j’ai emprunté les ailes
D’immense corbeau boréal
Pour m’arracher bien loin, vers de plus nobles citadelles !