Coquelicot de la chanson
Éclaboussures sur le poteau
Ou doux symbole de boisson
C'est de la teinture de drapeau
Ça a la couleur du croissant
Le sang
Ça coule encore quand rien ne bouge
Et ça noircit dans les ravins
Ça se confond dans la mer Rouge
C'est la mare ou c'est le grand bain
Qu'on fait couler pour les puissants
Le sang
Voilà le festin des empires
L'ordinaire de la sangsue
Voilà le pinard des vampires
Tache intime sur le tissu
L'indice qu'on laisse en naissant
Le sang
C'est la sève des carabines
La seule raison de l'arme blanche
Ça couche avec des guillotines
Sur le billot où ça s'épanche
Nombreux sont morts en le pissant
Le sang
Le bleu sous la peau, l'hématome
Celui des princes, bleu aussi
Aux flacons cherchant les symptômes
Et à la mort et à la vie
Pacte d'amour adolescent
Le sang
De la chaleur à fond les cales
Des vaisseaux gorgés d'oxygène
À l'îlot du cœur font escale
Débarquant nos plaisirs, nos gênes
On le voit quand on voit Ouessant
Son sang
De l'aorte à la carotide
Ça doit circuler sans répit
C'est l'encre de l'encrier vide
Pour qui voter, écrire son dépit
Avec en un mot comme en cent
Le sang
Quand il est tout noir, il me trouble
Il ne fait qu'un tour, il revient
Imbibée, alors je vois double
Bouillant quand le désir survient
Je ne pourrais jamais aimer sans
Le sang
Petite fleur qui coagule
Sous ta robe des beaux dimanches
Rouge filet qui funambule
Au bord de ta sandale blanche
À l'aurore de tes treize ans
Le sang
Du sang des hommes au sang des femmes
Toujours versé dans la douleur
On en a joué toutes les gammes
De l'hôpital au champ d'honneur
Jusqu'au quarantième rougissant
Le sang